Chroniques des peuples à 6 ou 8 pattes...

Certaines associations de mots peuvent faire frémir… Intéressons-nous à l’une d’entre elles : l’ « horloge de la mort »…

La « petite bête » qui porte ce doux surnom d’ « horloge de la mort », vous l’hébergez peut-être chez vous… L’insecte en question – car cela en est un- est un petit coléoptère que l’on trouve notamment dans les maisons. On l’appelle Grande Vrillette (1).

La larve (étape obligée avant le passage à la vie adulte) de cette espèce creuse, pendant 5 à 10 ans, des galeries dans le bois mort, surtout de chêne, notamment meubles et poutres d’où ce nom de « Grande Vrillette »… Mais, direz-vous, quel est le rapport avec l’horloge de la mort ? Nous y voici…

Au printemps, les adultes apparaissent mais dans les galeries obscures creusées dans le bois, comment le mâle peut-il attirer la femelle ?... Eh bien, il frappe sa tête et le haut de son thorax sur le bois, d’où un petit bruit sec et régulier caractéristique, parfois perceptible par le genre humain… L’image de l’horloge n’a pas d’autre explication… L’allusion à la mort est peut-être liée au fait que la période de la reproduction n’est jamais très éloignée de celle-ci…

Quoiqu’il en soit, la femelle trouve le mâle frappeur grâce à des récepteurs spécialisés qui perçoivent les sons liés aux cognements, sons qui se propagent sous la forme d’ondes élastiques produites dans le bois. Bref, quand vient le temps des amours, l’horloge de la mort devient un esprit frappeur…

Voici l’histoire d’un insecte apprécié puis redouté…

Outre leur beauté, les coccinelles aiment bien croquer des pucerons en nombre et en cela constituent une alternative aux insecticides.

La coccinelle asiatique (aussi nommée parfois coccinelle arlequin) Harmonia axyridis est de ce point de vue une extraordinaire mangeuse de pucerons (90 à 270 par jour).

Cela fait de nombreuses années qu’elle a colonisé d’autres territoires, dont les USA (début des années 1990), le Canada (1994), l’Argentine (2001), le Brésil (2002), l’Angleterre (repérée en 2004), la Belgique (en 2001), les Pays-Bas (en 2002), le Luxembourg (en 2004), l’Allemagne (en 1999), la Suisse (en 2004) et, depuis 2004, du nord-ouest au nord-est de la France, en expansion vers des régions situées plus au sud depuis 2007…

Cela pourrait être une bonne nouvelle. D’ailleurs, H. axyridis a été importée de Chine par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) en 1982 pour tester en France ses capacités concernant la lutte contre les pucerons. Et cette espèce à la fécondité élevée a même été commercialisée en France entre 1995 et 2000 dans le cadre de cette même lutte biologique contre les pucerons…

Pourtant, cette coccinelle asiatique très vorace (qui est un insecte appartenant à l’ordre des coléoptères [Coleoptera]) n’est plus la bienvenue car les autres espèces (locales) de coccinelles en pâtissent grandement. De plus, en automne, la coccinelle arlequin peut se nourrir de fruits…

Depuis 2000, seule une variante génétiquement modifiée de cette coccinelle asiatique est distribuée. Sa caractéristique est d’être incapable de voler et donc de ne pas pouvoir participer à l’invasion observée mais cet avantage vanté par la société distributrice est partiellement contesté par Vincent Ternois, fondateur de l’Observatoire permanent pour le suivi de la coccinelle asiatique en France. Il affirme en effet qu’en cas de croisement avec une coccinelle volante, une partie des descendants voleront…

Les scientifiques s’étonnent que cette coccinelle soit devenue invasive longtemps après avoir été utilisée dans le cadre de la lutte biologique contre les pucerons. Ainsi, aux USA, on l’a utilisé dès les années 1960 mais elle ne semble être devenue invasive qu’au début des années 1990… Une étude en cours de l’INRA devrait pouvoir donner des explications à partir de cette année 2008.

Quoiqu’il en soit, selon le fondateur de l’Observatoire, rien n’arrêtera cette coccinelle asiatique…

[d’après : AFP, 5 octobre 2007 ; site Internet de l’Observatoire permanent pour le suivi de la coccinelle asiatique en France ; The Guardian, 9 février 2008 ; NewScientist.com, 6 février 2008]