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Nous allons voir aujourd’hui qu’il n’y a pas que les êtres humains qui sont capables d’élaborer des parfums…
Les « abeilles des orchidées » (ou euglossines -Euglossini) sont des espèces tropicales d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud qui ont l’étonnante particularité de collecter –chez les mâles- des substances odorantes.
Il existe peu ou prou 200 espèces d’abeilles des orchidées. Solitaires, elles ne fabriquent pas de miel mais les mâles –qui ont une espérance de vie de 3 à 5 mois- parcourent longuement les forêts à la recherche des orchidées (clairsemées) qui leur permettront de confectionner leur propre parfum.
Plus de 700 espèces d’orchidées sont pollinisées exclusivement par les euglossines. Pour les attirer, elles fabriquent des parfums exotiques.
Ces abeilles utilisent aussi d’autres fleurs, des fruits et la sève et la résine des arbres pour élaborer leurs parfums. Mais les abeilles n’ont pas nécessairement la même approche que les humains dans ce domaine et il arrive qu’elles y ajoutent, par exemple, leurs propres matières fécales !
Quand elles hument une odeur qui leur plaît, elles enduisent la surface odorante d’une substance grasse et récoltent ainsi les senteurs (huiles volatiles) dans des poches spéciales situées sur leurs pattes arrière.
Hormis l’homme, ce sont les seules espèces connues à mélanger des fragrances dans le but de composer des parfums.
C’est dans les années 1960 que l’on a découvert cette étonnante capacité créatrice chez ces espèces mais c’est depuis peu que l’on commence à percevoir les raisons d’un tel comportement.
Certaines espèces d’abeilles, comme l’abeille à miel et le bourdon, produisent naturellement des phéromones, des substances utilisées -dans le monde du vivant- notamment à des fins sexuelles. Les abeilles des orchidées ne possèdent pas cette particularité et la confection de parfums pourrait y pallier.
La confection de parfums sophistiqués est peut-être aussi considérée par les partenaires potentiels comme l’affirmation d’une forme physique et d’une ingéniosité.
On notera que les mâles, outre la confection de parfums, passent pas mal de temps à parader (lors de parades nuptiales) dans leur territoire.
En 2003, deux chercheurs du Smithsonian Tropical Research Institute (à Balboa, Panama [Amérique centrale]) ont découvert, en étudiant des copulations en captivité, que lors des parades nuptiales (pour courtiser les femelles), les mouvements des pattes des euglossines mâles transféraient le contenu des « poches à parfum » (au niveau des pattes) vers une structure en forme de peigne située à la base de leurs ailes. Les battements d’ailes diffusent alors le parfum…
Ultérieurement, un des deux scientifiques (David Roubik) a pu observer deux copulations dans la nature et chaque fois, la femelle a semblé attiré par le parfum du mâle. Son collègue (Eltz Roubik) en déduit que la fonction principale du parfum semble être d’avertir la femelle de la présence du mâle.
Pour autant, le parfum attire surtout des mâles. Le chercheur David Roubik estime, sans en avoir encore la preuve, que le parfum créé par les abeilles (mâles) des orchidées a avant tout pour but d’intimider les rivaux ! S’ensuivent souvent des « joutes » pour, selon le scientifique, préserver ou conquérir un territoire, joutes où les parfums auraient aussi leur rôle à jouer pour montrer sa supériorité à l’adversaire.
Assurément, les abeilles des orchidées n’ont pas encore révélé tous les secrets de la raison d’être de leurs parfums…
Les jeunes ouvrières ne se livrent pas à n’importe quelles activités…
Chez les insectes sociaux (fourmis, abeilles, guêpes…), les ouvrières ont des âges variés.
La stratégie basée sur l’évolution des tâches en fonction de l’âge avec une plus grande prise de risque pour les plus âgées est bénéfique pour l’espérance de vie de ces insectes. Ainsi, les jeunes ouvrières seront occupées à l’intérieur de la colonie (ce qui présente des risques limités) tandis que leurs congénères plus âgés prendront plus de risques, par exemple en recherchant de la nourriture à l’extérieur de la colonie.
De nombreux facteurs environnementaux et sociaux peuvent influencer le fait qu’une ouvrière va se mettre à chercher de quoi nourrir la communauté mais le rôle de l’espérance de vie dans ce domaine demeurait incertain.
On en sait maintenant davantage grâce à une équipe d’entomologistes polonais dont l’étude a été publiée (en février 2008) dans la revue Animal Behaviour. Ainsi, ils ont artificiellement raccourci l’espérance de vie de la moitié des fourmis étudiées (toutes jeunes et appartenant à l’espèce Myrmica scabrinodis) et ce, beaucoup pour certaines et moins pour d’autres. Une partie des fourmis furent plus ou moins gazées au dioxyde de carbone et les autres plus ou moins blessées, exposant ainsi ces dernières aux infections.
Il s’avère que les fourmis à l’espérance de vie réduite se sont mises à rechercher de la nourriture plus tôt et plus souvent que les fourmis laissées intactes… Et concernant les fourmis exposées au CO², les plus gazées sont parties encore plus tôt à la recherche de nourriture que les insectes moins gazés…
De fait, ce ne serait pas le seul vieillissement qui incite les fourmis à entreprendre des tâches plus risquées mais aussi la perception de leur mort plus ou moins proche…
[d’après :
- Animal Behaviour, février 2008 (résumé de l’étude online, 1er octobre 2007)
- New Scientist, 13 octobre 2007]
L’espèce dont nous allons parler a connu son « heure de gloire »…
La fourmi Odontomachus bauri referme ses mandibules (= mâchoire) d’un coup sec, à des vitesses comprises entre 35 et 64 mètres par seconde (= 126 à 230 kilomètres par heure !). C’est plus de 2 000 fois plus rapide qu’un clignement d’œil !
C’était, jusqu’à l’été 2007, l’attaque (enregistrée par les humains) la plus rapide du règne animal !
La fourmi n’utilise pas ses mandibules uniquement pour mordre. Elle s’en sert aussi pour échapper à un prédateur. En effet, si ses mandibules se referment contre le sol, elle est catapultée ! Les sauts verticaux peuvent atteindre plus de 8 centimètres tandis que les sauts horizontaux peuvent la projeter presque 40 centimètres plus loin !
La morsure de cette espèce de fourmi ne fait pas mal chez les humains. La seule conséquence de son attaque est que cela la fait rebondir !
L’étude est parue dans la publication américaine Proceedings of the National Academy of Sciences.
La prochaine chronique s’intéressera au nouveau détenteur du record de l’attaque la plus rapide… [lire la prochaine chronique]
[d’après New Scientist, 26 août 2006]
Le frelon asiatique est une espèce « invasive » qui, en France, menace abeilles et frelons.
Le frelon est la plus grosse des guêpes et fait partie des guêpes sociales. Les guêpes appartiennent à l’ordre des hyménoptères [Hymenoptera].
Vespa crabro est la seule espèce de frelon présente en Europe de l’Ouest. Ou plutôt : était… Car il faut dorénavant compter avec Vespa velutina nigrithorax, un frelon un peu plus petit que l’on trouve en Chine, au Bhoutan et dans le Nord de l’Inde.
Vespa crabro ne s’attaque guère aux abeilles alors que Vespa velutina, appelée le frelon asiatique, est un féroce prédateur des abeilles…
C’est en novembre 2005 que le frelon asiatique a été observé pour la première fois en France, dans le Lot-et-Garonne (en Aquitaine, dans le sud-ouest du pays). Dorénavant, outre l’Aquitaine, l’aire de répartition de l’insecte concerne aussi les régions Midi-Pyrénées, Limousin, Poitou-Charentes et Languedoc-Roussillon. Dans la région Poitou-Charentes, le frelon asiatique n’a été formellement identifié que dans le sud du département de la Charente, au cours de l’été 2007.
Un climat adapté, un taux de reproduction élevé et l’absence de prédateurs expliquent l’expansion de l’espèce.
C’est à la fin de l’année 2004 que Vespa velutina serait arrivée clandestinement en France, via une cargaison de poteries chinoises…
Selon une entomologiste du Muséum national d’histoire naturelle, le frelon fuit l’homme.
L’avenir de Vespa crabro face au frelon asiatique pourrait être sombre. Quant aux abeilles, ce prédateur venu d’Asie constitue une menace supplémentaire dont les apiculteurs se seraient bien passés…
L’aire de répartition du frelon asiatique va-t-elle continuer de s’étendre ?...
(essentiellement d’après : AFP, 19 février 2007 ; site Internet de la Préfecture de la Vienne, 6 février 2008)
Aujourd’hui, rendons-nous en Amazonie (en Amérique du Sud) et découvrons le lien très étroit existant entre une espèce de fourmi et une espèce d’arbre…
En certains endroits de la forêt amazonienne existe une petite clairière où ne pousse qu’une seule espèce d’arbre : Duroia hirsuta. Cet arbre ne dépasse pas 4 mètres de hauteur et l’ensemble, contrastant avec la haute forêt alentour, fait penser à une sorte de verger. Ces lieux ont été surnommés « jardins du diable » car les hommes ne sont en rien responsables de ces étranges étendues où tout autre arbre a disparu.
Les scientifiques croyaient que c’était cette espèce d’arbre qui réussissait à se débarrasser de la concurrence. Une étude émanant de chercheurs américains, dont a parlé l’hebdomadaire scientifique britannique Nature en 2005, démontre que le coupable est ailleurs, minuscule : il s’agit de l’espèce de fourmi Myrmelachista schumanni (les fourmis appartiennent à l’ordre des hyménoptères [Hymenoptera]).
Parfois, tout commence avec l’installation d’une reine, issue de cette espèce de fourmi, dans un arbre de l’espèce préalablement nommée. Une colonie de fourmis va se créer et les ouvrières vont commencer à attaquer les arbres et la végétation à proximité avec un but bien simple : ne permettre que la présence de Duroia hirsuta qui leur sert de « maison ».
Comment procèdent-elles ? Les ouvrières vont utiliser leur acide formique comme herbicide, l’injectant dans les feuilles des autres espèces. Ainsi, les arbres de l’espèce Duroia hirsuta vont pouvoir se développer facilement, n’ayant à subir aucune concurrence. Ils seront progressivement colonisés par les fourmis.
Chaque jardin du diable possède une colonie géante de fourmis pouvant être composée de 3 millions d’ouvrières et de 15 000 reines ! De fait, une colonie pourra prospérer jusqu’à plus de 800 ans !
(d’après : site Internet www.LiveScience.com , 22 septembre 2005 ; AFP, 21 septembre 2005)
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